Après avoir revu leurs barèmes à la hausse les mois précédents, les banques sont plus compétitives, mais elles font preuve de plus de sélectivité dans le choix des dossiers de crédit immobilier.
La crainte des candidats à l’achat de leur logement d’une hausse des taux des crédits immobiliers se dissipe un peu. Tandis que 72 % de ceux qui n’avaient pas encore étudié le financement de leur acquisition avant le confinement craignent que la hausse des taux freine leur projet, selon la dernière vague de l’Observatoire du moral de l’immobilier réalisée par SeLoger, les premières indications sur les taux qui seront pratiqués en juin annoncent une décrue.
Le courtier Cafpi indique que les meilleurs taux affichés par les banques sont de 0,46 % sur 10 ans, de 0,66 % sur 15 ans, de 0,81 % sur 20 ans et de 1,05 % sur 25 ans. Ils sont en nette baisse par rapport aux taux affichés par les banques en avril. « Les banques réajustent leurs barèmes pour rester compétitives au moment du retour des acheteurs qui sortent du confinement et reprennent leurs projets immobiliers », explique Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi.
Ces baisses doivent être néanmoins relativisées. D’abord, elles interviennent après une hausse des taux. En mai, le taux de crédit moyen avait atteint 1,25 %, contre 1,18 % en avril, selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA, même s’il restait inférieur au taux moyen constaté en mai 2019 (1,29 %).
Pour les meilleurs profils
Ensuite, les établissements qui baissent leurs tarifs sont essentiellement ceux qui avaient augmenté leurs taux durant les mois précédents. Selon le courtier Vousfinancer, les baisses qui impliquent toutefois moins d’une dizaine de banques vont de 0,05 % à 0,30 % et ne concernent parfois que les meilleurs profils, ceux qui disposent de plus de 6 500 à 7 000 euros de revenus par mois.
« On ne peut pas parler d’un mouvement global de recul des taux en juin. Mais ces quelques baisses devraient tout de même desserrer l’étau imposé par les taux d’usure [la limite légale des taux d’intérêt]. Les banques veulent toutes cibler les profils les moins risqués, avec des revenus élevés et qui respectent les critères du HCSF [Haut Conseil de stabilité financière] ce qui relance la concurrence interbancaire sur ce segment principalement », analyse Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer.
Le Haut Conseil recommande notamment que le taux d’endettement du candidat emprunteur ne dépasse par 33 % et que la durée du crédit n’excède pas 25 ans. « Les banques faisaient preuve d’une vigilance accrue, avant même que la crise du coronavirus n’arrive », souligne Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux.
Clé de la reprise
Bonne nouvelle, la perspective d’une hausse des taux dans les prochains mois semble s’éloigner. « Etant donné les derniers barèmes reçus et la nécessité de relancer le marché de l’immobilier qui a été stoppé pendant deux mois, la politique de taux bas devrait se maintenir, car c’est la clé de la reprise », juge Maël Bernier. En juin, « nous enregistrons des baisses comprises entre 0,10 % et 0,20 % », observe t-elle. Mais il n’est pas certain que cette décrue perdure.
Les professionnels restent inquiets sur la reprise du marché de la résidence principale. Une fois passée la période de rattrapage à laquelle ils assistent, « le marché devrait se
stabiliser, avec des acheteurs qui se poseront plus de questions avant de concrétiser leur projet, que ce soit sur les nouveaux prix du marché, les possibilités de financement ou encore sur la santé économique générale », estime Philippe Taboret.
(Source: Le Monde)