Pour la première fois depuis la création du Livret A, son taux est tombé à 1 %. Ce maigre rendement, qui s’explique par la faiblesse des taux et de l’inflation, ne fait pas les affaires des épargnants. Un sujet sensible, tant ce produit est diffusé au sein des ménages — les Français en détiennent 63 millions, selon l’Observatoire de l’épargne réglementée. Avec une question : le Livret A est-il encore intéressant ?
« C’est psychologique, la rentabilité nette n’a pas baissé, puisque l’inflation a aussi reculé, mais il faudrait que les Français prennent enfin conscience que l’argent sans risque ne rapporte plus rien et s’interrogent sur la place allouée à cette épargne de précaution », explique Meyer Azougui, président de Cyrus conseil.
Car c’est bien à cela que servent le Livret A et son cousin le LDD (livret de développement durable) : y placer l’argent dont on peut avoir besoin en cas d’imprévu ou de projets précis. Même à 1 %, le Livret A rempli cette mission : ce produit sans risque n’est pas fiscalisé, protège de l’inflation et il est possible d’y puiser à sa guise.
LEP ET LIVRETS BANCAIRES
Pour autant, il existe d’autres solutions. La première consiste à vérifier si vous pouvez ouvrir un livret d’épargne populaire (LEP). Ce produit offre un rendement supérieur de 0,5 point à celui du Livret A. Il devrait donc passer à 1,5 % au 1er août. Mais il faut respecter certaines conditions de revenus.
Autre piste, faire le tour des livrets bancaires sur Internet, et profiter des nombreuses promotions qui y fleurissent. Actuellement, certains attirent le chaland avec des taux de 5 %. Mais attention, cette rémunération n’est valable que durant quelques mois et sur un montant maximum. Ensuite, le taux tombe. Surtout, il s’agit d’un rendement brut. Pour calculer la rentabilité nette, il faut retrancher les prélèvements sociaux, de 15,5 %, puis les gains sont intégrés à vos revenus et taxés comme tels.
Tout va donc dépendre de votre tranche d’imposition. Aujourd’hui, un livret bancaire doit proposer sur l’année un taux de 1,4 % brut pour qu’une personne imposée dans la tranche à 14 % obtienne le même rendement qu’avec le Livret A. Ce taux doit être de 1,75 % pour celles imposées à 30 %. En dessous, autant garder son Livret A.
Pour le moment, certains livrets affichent des taux de 2 % brut et sont donc plus intéressants. « Mais cela ne va pas durer ils vont rapidement s’ajuster pour se fixer au niveau du Livret A », prévient Cyril Blesson, associé chez Pair conseil.
LA SOLUTION DE L’ASSURANCE-VIE
Une autre possibilité consiste à abonder son contrat d’assurance-vie, les fonds en euros (et donc sans risque) affichant en moyenne un rendement de 2,8 %. Soit 2,36 % après les prélèvements sociaux.
Contrairement à une idée reçue, il est en effet possible de retirer son argent à tout moment de son contrat. Mais plus votre contrat est ancien, plus la fiscalité est avantageuse. Au bout de huit ans, les gains retirés ne sont taxés qu’à 7,5 %, ce qui donne un rendement net de 2,16 %. Entre quatre et huit ans, la rémunération atteint 1,99 %. Et même en cas de retrait au bout d’un an, le rendement (1,39 % net) dépasse celui du Livret A.
Attention toutefois aux frais d’entrée (ceux qui sont ponctionnés lorsque vous faites un versement) qui diminuent d’autant cette performance.
L’OPTION DU PEL
Enfin, si vous êtes prêt à bloquer votre argent au moins deux ans, ouvrez un PEL (plan d’épargne logement). A l’origine, ce produit est destiné aux épargnants qui veulent se constituer une cagnotte en vue de contracter un emprunt immobilier à taux bonifié. Le tout en profitant d’un taux d’intérêt très intéressant, puisqu’il rapporte aujourd’hui 2,50 % brut, soit 2,11 % net.
En théorie, il faut y laisser son épargne investie pendant au moins quatre ans. Mais il est possible de récupérer ses fonds avant. Si vous « cassez » votre plan avant deux ans, votre épargne sera rémunérée au taux du CEL (compte épargne logement), soit actuellement 0,63 % net.
Par contre, si vous clôturez votre PEL après son deuxième anniversaire, votre épargne est rémunérée à 2,11 % net. Soit deux fois le taux offert par le Livret A.
Frédéric Cazenave et Marie Pellefigue
(Source: Le Monde)